La lettre originale se lit sans les
crochets.
La lettre raccourcie se lit en gras.
A propos de l'éditorial de
Jean-Claude Péclet
dans
"L'Hebdo" du 22.6.95
[Des consultants
totalement incompétents]
Le culte voué aux
sacro-saintes "lois du marché" a pris une
extension telle qu'on peut désormais en constater
les effets délétères dans tous les
domaines de la vie sociale, y compris à
l'intérieur des moyens d'information
considérés comme les plus sérieux.
Que l'idéologie économiste imprègne
non seulement l'ensemble de la réflexion
politique, mais aussi ses modes de communication et de
réalisation, l'éditorial récent
[(...) Votre récent éditorial]
consacré par Jean-Claude Péclet aux
conséquences de la cure d'amaigrissement à
laquelle les autorités d'un Etat cantonal en
perdition entendent soumettre ses services en offre une
nouvelle preuve.
Rapidité et
superficialité sont les corollaires de la loi du
profit immédiat appliquée à un
journalisme semble-t-il animé par le seul souci de
frapper (et donc de vendre). Conséquences: des
chiffres erronés (ce n'est pas 1,5% l'an sur trois
années, mais environ 10% d'économies que le
Conseil d'Etat veut imposer aux services qu'il a
désignés comme cibles de l'opération
"Orchidée II"), une analyse hâtive (la
promesse du Conseil d'Etat d'éviter tout
licenciement sera payée en fait par le
chômage des jeunes, confrontés à la
suppression des postes à la faveur des
"départs naturels"), des déclarations
à l'emporte-pièce (les personnes occupant
les 12000 emplois "sacrifiés" dans la construction
se sont à vrai dire rapidement trouvées
à la charge de l'Etat auquel on entend
précisément retirer les moyens de l'aide
sociale). Face à des allégations aussi
trompeuses il y a non seulement ces fonctionnaires
auxquels on tente de faire payer une gestion
financière catastrophique, faite
d'allégements fiscaux à but
électoral ("L'Hebdo" lui-même l'a
montré dans son édition du 1.6.95...); il y
a non seulement ces prestations particulièrement
nécessaires en temps de crise dans les domaines
sensibles de la formation des jeunes, de l'appui social
et de la santé; il y a surtout une politique
délibérée pour faire triompher le
"moins d'Etat" lancé à coup de slogans dans
les années d'euphorie spéculatrice et
auquel les déficits budgétaires ont depuis
fourni le meilleur des prétextes. On peut
désormais sans crainte préconiser pour
l'Etat de Vaud les mesures d'ajustement structurel
imposées par le FMI aux pays du tiers
monde.
Quant à l'autosatisfaction
[(...) L'autosatisfaction] du consultant,
[-] appelé à la rescousse pour
servir, à grands frais, de paravent aux
autorités [-] dans la conduite de
cette politique de "convergence", elle n'a
d'égale que son incompétence quant aux
fonctions et aux finalités d'un service public. Un
débat récent devant le Sénat de
l'Université, en présence de
spécialistes de la Faculté des HEC, a
tourné à la confusion du pauvre
représentant de la maison
parisienne.
On ne peut donc que regretter de voir
s'étaler en tête d'un magazine qui se veut
critique les lieux communs de la pensée unique.
Les dossiers financiers explosifs présentés
numéro après numéro par "L'Hebdo"
lui-même n'apportent-ils pas la preuve
renouvelée de ses dangers et de sa vanité?
[(...)]
Claude Calame,
[Lausanne], professeur à
l'Université